Quoi de neuf ?

BTS, Hallyu et K-Pop : culture populaire coréenne en français ?

March 28, 2022 Les cafés du CREFO Season 3 Episode 4
Quoi de neuf ?
BTS, Hallyu et K-Pop : culture populaire coréenne en français ?
Show Notes Transcript

Dans cet épisode, Laura Bisaillon, membre du CREFO, rencontre Seok-Kyeong Hong, professeure titulaire à l'Université Nationale de Séoul.

Madame Seok-Kyeong Hong est professeure titulaire au Département des communications à l’Université Nationale de Séoul en Corée du Sud. Elle a obtenu un doctorat en Sciences de l’Information et de la Communication à l’Université de Grenoble et elle a enseigné les média-cultures à l’Université de Bordeaux pendant presque quinze ans. Elle est l’auteure de trois livres, dont « Hallyu à l’ère numérique et la globalisation » (2013) en coréen, « Transnational Convergence of East Asian Pop Culture » (2021) en anglais, et « BTS sur la route » (2020) en coréen et traduit en japonais, vietnamien et indonésien. 

Joey [00:00:00] Dans cette troisième saison, Laura Bisaillon, membre du CREFO et ses invités discuteront du thème de la production et de la diffusion des connaissances sur les mobilités, les francophonies, la minorisation, le corps et l'État dans ces divers contextes du monde. Dans cet épisode, elle rencontre Seok Kyeong Hong, professeure titulaire à l'Université nationale de Séoul. 

Seok-Kyeong [00:00:22] La jeunesse de ce monde-là a découvert une source de consolation et solidarité parce je ne suis pas seul là-dedans, les autres sont pareils. 

Joey [00:00:31] Bienvenue à Quoi de neuf! 

Laura [00:00:42] Aujourd'hui, j'ai le grand plaisir d'accueillir Mme Seok Kyeong Hong, qui est professeure titulaire au Département des communications à l'Université nationale de Séoul, en Corée du Sud. Elle a obtenu un doctorat en sciences de l'information et de la communication à l'Université de Grenoble, en France, et elle a enseigné les médiacultures à l'Université de Bordeaux pendant presque 15 ans. Elle est l'auteure de trois livres, dont Hallyu à l'ère numérique et la globalisation, publié en coréen en 2013. Transnational Convergence of East Asian Pop Culture en 2021, en anglais. Et en coréen et traduit en japonais, vietnamien et indonésien, BTS sur la route. Madame Hong, soyez la bienvenue!

Seok-Kyeong [00:01:39] Bonjour et merci de m'avoir invitée. Je suis ravie d'être avec vous.

Laura [00:01:44] Ah, je vous en prie. Nous sommes ravis de vous recevoir. Donc Madame Hong, tu es polyglotte c'est-à-dire que tu parles le coréen, le français et l'anglais. Pourrais-tu nous parler un peu de ton parcours linguistique? Comment se fait-il qu'une Coréenne parle en même temps l'anglais et le français et peut-être plus de langues encore? 

Seok-Kyeong [00:02:09] Non, je ne parle pas plusieurs que ça. Déjà trois langues me suffisent, me rendent ma vie assez compliquée, mais bon. Je suis née à Séoul en 63 et bien sûr, la langue coréenne est ma langue natale. Et le français, je n'ai pas du tout l'entourage français ou aucun autre lien avec la France. Seulement, en grandissant, la culture française me fascinait. Donc, j'ai décidé seulement d'aller étudier la littérature et la langue française à l'Université nationale de Séoul à l'époque. Donc, j'ai commencé comme ça. Mais c'était au tour de troisième année d'université, je pense. Je suis tombée dans une sorte de...bon, je pensais que parce que c'était difficile d'apprendre la langue française vraiment d'une façon scolaire. Alors, les romans épais, Balzac ou Stendhal, tout ça, je devais consacrer combien de temps avec des mots que je comprenais pas donc avec un dictionnaire à la main. Je me disais qu'est-ce que cela va m'amener finalement? Je vais bien peut-être apprendre d'ici dix ans une langue que peut-être ma patrie n'utiliserait pas ou pas beaucoup non plus. Donc, en même temps, bien sûr, j'aimais la littérature tout court mais j'étais en train d'étudier une langue que je vais jamais maîtriser comme les Français à leur naissance qu'ils avaient naturellement eu. Je réfléchissais, bon je suis tombée dans une sorte de bon souci presque existentiel. Qu'est-ce que je suis en train de faire? Mais pendant cette période-là, dans un cours, j'ai rencontré Roland Barthes. Ah oui, il y a une autre voie parce que lui, après Saussure, il disait qu’il y a les sciences de signes et possible. Et surtout, c'est Roland Barthes qui nous a montré comment cette connaissance de la langue et de la littérature peut être utilisée pour produire des discours sur la culture tout court, la culture de masse, la culture populaire. Voilà donc que j'ai trouvé une voie, une sorte de nouvelle voie. J'ai changé ma spécialité, donc je suis entrée pour un master, mais en communication cette fois-ci. 

Laura [00:04:44] Et donc ta passion pour le français, donc à ses origines finalement, au niveau de...tu avais peut-être dans la quinzaine comme ça ou à l'école secondaire vers là? 

Seok-Kyeong [00:04:55] Oui, oui, au lycée, j'avais une deuxième langue étrangère. J'ai choisi le français, tout simplement. Mais bon, c'était deux cours d'une heure par semaine, donc c'était vraiment la base de la langue qu'on apprenait, pas au-delà. En plus à l'université c'est vrai qu'on apprend à lire mais à pratiquer une langue que peut-être il n'y a pas beaucoup de communauté française en Corée encore à l'époque, parce que c'était...je suis entrée à l'université en 81, imaginez. Donc mon attitude en français, je l'ai acquise pratiquement en arrivant en France pour mes études doctorales en 1989. C'est à partir de ce moment-là que mon voyage langagier a vraiment commencé. 

Laura [00:05:50] Oui, parce que si déjà on entend des études doctorales, ça veut dire que c'est un français déjà très poussé, c'est des connaissances qui sont profondes. 

Seok-Kyeong [00:06:00] Oui, mais quand je suis arrivée, il faut bien comprendre à l'époque comment c'était l'ambiance universitaire en Corée. Seoul National University, l'Université nationale de Séoul était un des centres de lutte contre la dictature militaire à l'époque. Toutes mes années, c'était la lutte anti-impérialisme américaine, culturelle, tout ceci. Mes amis, lorsqu'ils devaient choisir de partir pour leurs études, majoritairement ils partaient pour les États-Unis. Alors je trouvais que moi j'ai la possibilité de faire autre chose. J'ai quand même la base de la langue qui me permettait d'aller quand même en Europe pour mes études. J'ai opté sans hésitation la France et en plus, l'amour pour la langue française était bien quand même resté sans être, comment dirais-je, consommé vous voyez, parce que j'ai arrêté mes études littéraires pour changer, pour aller à la communication. Donc, pour moi, c'était une bonne solution pour faire les deux. J'entre dans la langue française en même temps pour étudier et pour me former en tant que chercheure en communication. Voilà. C'était à Grenoble, l'Université de Grenoble.  

Laura [00:07:30] Parce que c'est un parcours un peu particulier pour un ressortissant coréen. Les Coréens que je...avec qui je maintiens des liens d'amitié ou des liens professionnels, académiques sont beaucoup plus orientés vers les États-Unis. 

Seok-Kyeong [00:07:45] Oui. 

Laura [00:07:45] Donc, c'est en France finalement que tu as commencé ta carrière de scientifique dans les médias et dans les communications. 

Seok-Kyeong [00:07:54] Oui, oui, oui, bien sûr. Bon j'ai fait deux années d'études de master. Et puis j'ai fini le programme doctoral à l'Université nationale de Séoul parce que bon, après la fin d'études, j'ai passé quand même quatre ans de cours master et doctoral à l'Université nationale de Séoul, donc j'étais bien quand même théoriquement bien formée, suffisamment pour que j'aie la confiance en moi pour aller étudier en France avec une langue que je ne maîtrisais pas. Je ne me voyais pas aux États-Unis, il y a des communautés coréennes bien instaurées, en reproduisant en miniature toutes les pressions socioculturelles coréennes mais aux États-Unis. C'était ça à peu près mais je ne voulais pas du tout revivre ça pour mes études doctorales. Parce qu'à l'époque, même les autres Coréens voulaient opter...l'Europe, c'était trop risqué parce qu’au niveau de la langue, il fallait vraiment compter plusieurs années de plus pour les études. Mais pour moi, ce n'était pas le cas. Et bon, j'ai opté pour la France. Et même maintenant, je suis une personne même dans la communication ici, dans la communauté des chercheurs universitaires, je suis vraiment une des rares personnes qui ont fait un doctorat en Europe. Il y en a qui ont fait leur doctorat en Allemagne, en Angleterre mais très peu, très, très peu en France, surtout au-delà de la littérature, il y en a très, très peu. 

Laura [00:09:44] C'est une minorité dans une minorité. Peut-être on pourra passer à ton programme de recherche. Tes écrits qui me passionnent depuis quelque temps que je te découvre et je découvre tes contributions scientifiques. Toujours est-il que dans le contexte torontois dans lequel je vis, dans lequel je recherche, dans lequel j'enseigne, il y a quand même un bon nombre de jeunes Coréens qui sont issus de parents qui sont nés en Corée, qui, eux, ils sont nés ici. Il y a quelques étudiants qui sont des étudiants étrangers, comme tu l'étais par exemple en France. Et nous avons à Toronto un quartier coréen et bien sûr, de plus en plus de Coréens, une présence de plus en plus conséquente de la Corée du Sud à Toronto et tout ça qui m'a menée à vouloir échanger avec toi et de faire connaître tes contributions scientifiques. Alors, j'aimerais bien qu'on remonte un peu dans le temps pour discuter des relations sociales, historiques, culturelles et technologiques qui ont rendu possible ce phénomène qu'on connaît aujourd'hui sous le nom de Hallyu, donc un mot qui vient du chinois qui signale une industrie culturelle populaire coréenne en effervescence à travers le monde depuis la fin des années 90. Et est-ce que j'ai raison de croire que les Jeux olympiques à Séoul en 88 ont été un point marquant dans l'histoire de l'industrie culturelle populaire coréenne, communément appelée la K-pop, qui est à présent à sa quatrième génération. Une question plutôt ouverte, n'est-ce pas afin de faire connaître tes écrits, tes contributions dans le domaine de Hallyu. 

Seok-Kyeong [00:11:52] Oui, bon, je vais essayer de raccourcir quand même parce que c'est une longue histoire. Avant même de venir en France pour mes études doctorales, j'ai déjà commencé à publier en tant que critique culturel. Mon intérêt académique était la culture populaire et de masse là-dedans, comme une lutte idéologique aussi que lutte de représentation tout type de discours concurrentiel qui se manifeste à travers différents types de représentations populaires. Donc, c'est comme je parlais de Roland Barthes, c'est ça aussi que par la suite, l'auteur qui m'a influencée plus que c'était Umberto Eco et Michel Foucault. Donc je suis dans cette lignée de pensée. Donc, quand je suis venue en France, c'était en 1989, le monde sur lequel j'ai passé toutes mes années universitaires était écroulé, changé parce que c'était la fin du mur de Berlin. Donc, ce n'est plus maintenant la période idéologiquement divisée. Donc bon après, je suis rentrée après mes études, mais je suis revenue en tant que maître de conférences à l'Université de Bordeaux. Alors cette période-là, à peu près 8-9 ans, donc entre 2000, parce que j'ai commencé mon travail à l'Université de Bordeaux en 2000 et j'ai joint l'Université nationale de Séoul en 2013. Donc pendant cette période-là, j'étais à Bordeaux et c'était pendant cette période-là que le phénomène de Hallyu a éclaté en Asie de l'Est, en Asie tout cout, au départ l'Asie de l'Est et à toute l'Asie. Donc, j'observais ce phénomène-là de l'Europe. Et quand les chercheurs asiatiques étaient en train d'analyser le phénomène de Hallyu ainsi qu'on l'appelait par les Chinois au départ, ils pensaient que c'était un phénomène asiatique. Mais mon observation à moi, en plus je suis située de loin, était déjà parce que c'était une question de technologie, donc l'environnement médiatique et technologique qui est Internet et la vitesse de connexion tout ceci et puis le développement de cette structure qu’on appelle P2P streaming qui permettait aux individus, sans violer trop les normes de l'époque, d'échanger librement tout le contenu audiovisuel entre eux. Donc avec cette possibilité technologique, j'ai observé à l'époque la construction des infrastructures de cet échange par les fans donc auditeurs, passionnés, tous les contenus mais parmi tous les contenus qui m'intéressaient plus c'est comment les dramas sud-coréens, alors là j'imaginais vraiment pas du tout que les francophones, les Français, Françaises peuvent aimer ce contenu des séries télévisées sud-coréennes qui jusqu'alors étaient vraiment très, très coréennes parce qu'on n'a jamais, jamais produit une série coréenne ou tout simplement des films ou tout contenu audiovisuel pour exporter. Jamais. Donc, c'était pur phénomène de réception. Ce n'était pas un phénomène de propagation volontaire comme certains chercheurs ces jours-ci ont envie de croire parce que voilà. Et comment la Corée, qui est bon est industriellement développée, économiquement riche, mais peut exporter la culture, ce n'est pas possible. Donc il y a....il doit y avoir une raison, c'est-à-dire une volonté gouvernementale. C'est pas du tout vrai. Donc, alors là, j'entre donc en tant que chercheur en études culturelles, j'ai commencé à observer en ligne comment c'est possible tout simplement cette voie interculturelle. Alors, j'ai découvert...le résultat de cette première recherche est publié dans mon premier livre qui est Hallyu à l'ère numérique et à la globalisation tout simplement parce que même jusqu'à maintenant, le phénomène de Hallyu c'est un des phénomènes cultes interculturels qui est en rapport très étroit avec ces technologies de numérisation numérique et la globalisation, c'est les deux qui permettaient ce genre d'échanges culturels sans limite, mais à travers la culture de collaboration entre les fans. Donc...bon ce livre est basé sur mon observation de trois ans sur une communauté de fans francophones des séries coréennes et c'est publié en 2013. On peut imaginer que mon dernier semestre en Corée...en France pardons était consacré pour écrire ce livre-là. Quand j'écrivais ce livre-là a éclaté le phénomène de Psy avec Gangman Style. Donc, j'ai compris et j'étais sûre à 100 % que la deuxième vague déferlant de Hallyu si c'est vraiment dans le monde, ce sera le K-Pop. Donc le dernier chapitre était consacré sur le K-Pop. Et puis, je joins l'Université nationale de Séoul en 2013. Bon, à l'époque BTS a fait ses débuts en 2013. Mais bon, je ne les connaissais pas de leur début, mais vers la fin 2015-16 à travers leur album Hwayangyeonhwa donc Young Forever. Alors j'ai compris que ce n’est pas un phénomène de K-Pop qu'on connaissait en Asie. Il allait au-delà. 

Laura [00:18:46] Est-ce que tu pourrais peut-être nous situer dans ton terrain finalement, nous faire revenir en arrière alors que tu étais à Bordeaux et que tu as mené des enquêtes auprès, parce que tu as bien dit auprès des Français qui étaient, eux, fans de groupes de musique coréenne. Et c'est comme ça que tu as appris davantage les détails sur comment les étrangers, donc des personnes non coréennes, s'attachaient...les comment et les pourquoi de leur attachement aux séries télévisées coréennes. Et est-ce que j'ai raison de croire que la photo qui figure sur la couverture de ton livre Hallyu à l'ère numérique et à la globalisation, n'est-ce pas, tu l'as prise dans la cour d'une école primaire ou secondaire, dans le langage d'ici. 

Seok-Kyeong [00:19:38] C'est un lycée. 

Laura [00:19:39] Un lycée. Voilà donc un lycée français mais à Bordeaux. Et ce fut pour toi un moment révélateur, n'est-ce pas, dans la mesure où ton interprétation de l'assemblage des noms, donc en japonais, en coréen et des slogans, à déclencher vraiment une réflexion de longue haleine pour toi sur la transmission et la réception des discours médiatiques. Est-ce que tu pourrais nous en parler? 

Seok-Kyeong [00:20:06] Oui, bon à l'époque j'observais. J'ai commencé déjà à observer comment cette communauté de fans des séries coréennes était possible à Bordeaux. C'était pas...c'était ni Paris, ni Marseille, ce sont des villes internationalement interculturelles. Mais Bordeaux c'est beaucoup plus traditionnel, beaucoup plus univoque. Donc ça m'a interpellée. Cette découverte de cette scène de rassemblage des signes, les noms de groupes K-pop sur un banc d'un lycée bordelais, m'a interpellée très, très fortement. C'est-à-dire que c'était non seulement les séries coréennes, mais K-pop avec. Et ces deux phénomènes ne sont pas à part, c'est lié, donc comment? Parce que je connaissais que c'était lié parce que j'observais des fans de série, parce que dans les séries coréennes, il y avait...c'était original soundtrack et beaucoup d'original soundtracks sont chantés par les membres de groupes K-pop. Et il y a même les stars, des idoles des groupes K-pop qui jouaient dans les dramas. Donc c'est pure cross-media type à l'Asie de l'Est. Au départ, c'est inventé par les Japonais, mais rendu concurrentiel par les Coréens. Vous connaissiez peut-être déjà le système de production d'idoles dans entertainment c'est pareil...Madison c'est aux États-Unis, mais maintenant les productions coréennes sont vraiment dominantes. Donc, quand j'ai pris cette photo-là, je pense, j'ai pensé en plus, c'était dans un lycée. Si c'était une université, c'était beaucoup plus compréhensible parce que bon, la communauté multilangagière se trouve concentrée dans les universités. En plus, même les séries peuvent être sûr qu'il l'est aussi dans le monde parce que ce sont des étudiants universitaires qui est très usé volontairement en investissant leur temps et l'effort. C'était très, très curieux de voir au départ, c'était la traduction anglaise était d'abord appris à partir de ce sous-titrage en anglais, on traduisait vers différentes langues. Mais très, très vite, ça allait direct sans traduction sous-titrée anglais. Et en plus, quand on parle de francophonie vraiment c'est une collaboration multi-continentale. Il y a des Nord-Africains, Français, Québécois et Belges. Je voyais vraiment lors du test de traduction ralentissait pendant la période par exemple d'examen. C'était très curieux d'observer tout ceci et puis surtout le contenu de leurs discussions. Qu'est-ce qui les fascinait ainsi. Donc, le rôle des stars masculines était très important pour la masculinité alternative que cette culture d'entertainment coréenne et surtout l'Asie de l'Est ensemble compte énormément. Donc cette masculinité n'est pas seulement genrée. La question raciale donc ethnique était inscrit là-dedans au-delà des questions de production audiovisuelle et industrielle. Donc, bon, ça a commencé comme ça et puis, depuis que je suis arrivée en Corée, j'ai rencontré le phénomène BTS tout de suite. J'ai commencé mon deuxième livre, j'ai pensé au deuxième livre et une bonne occasion de me lancer dans cette recherche est arrivée lorsque KBS, Korean Broadcasting System, c'est la télévision publique, m'a contactée pour faire une émission spéciale sur BTS à l'époque. En préparation et puis, lors de tournages, j'ai rencontré Bang Si-hyuk le patron de Big Hit à l'époque, Hybe actuellement, qui est le patron de cette société qui a produit BTS. Donc, on a parlé de collaboration académique entre l'Université et puis Big Hit et voilà. Ils m'ont aidée à accéder au site, c'est-à-dire que lors de tournages, pour que je puisse rencontrer les vrais fans sur place parce qu'en ligne, c'est beaucoup limité, parce qu'en ligne, on ne peut pas voir les données sociodémographiques. Donc sur place...

Laura [00:25:10] Et peut-être qu'on pourrait parler davantage sur ce groupe BTS Bangtan Sonyeondan, les scouts pare-balles ou les scouts blindés ou Bulletproof Boys Band. J'ai entouré les traductions. Donc, c'est un groupe de sept artistes qui sont dans la fin vingtaine et c'est un groupe qui connaît un succès fou depuis environ dix ans ou plus, c'est ça?

Seok-Kyeong [00:25:36] Non, leur début est 2013. Bon, ils étaient ensemble bien avant leurs débuts parce qu'ils devaient passer quelques années en tant que soi-disant entrainés, trainees. Bon eux, ils se connaissent depuis vraiment l'adolescence mais nous on connait, le public connaît, depuis 2013. Mais leur popularité internationale est début 2016, une vraie popularité.

 Laura [00:26:07] Donc ils sont, selon toi, ils attestent d'une grande particularité. Ils sont, et c'est un groupe pas comme les autres, selon toi. Dans tes écrits, dans tes discours scientifiques et populaires à la radio et qu'on peut voir aussi sur YouTube, à quels égards est-ce que ce groupe-là, le BTS est particulier? C'est quoi qui rend particulier ce groupe parmi tant d'autres? 

Seok-Kyeong [00:26:39] Oui, tu as dit que parmi tant d'autres, tant d'autres groupes K-pop existaient depuis mi-90. Mais ce courant de musique populaire est pas mal critiqué à cause du système, c'est-à-dire que les jeunes devaient peut-être passer plusieurs années pour améliorer leurs capacités de performance, donc chanter, danser et même jouer et à parler les langues étrangères aussi et apparaître devant l'écran parce qu’eux, ils ne chantent pas seulement comme je vous ai déjà dit, ils jouent dans les dramas, ils occupent l'espace médiatique. 

Laura [00:27:27] Et c'est des danseurs...

Seok-Kyeong [00:27:31] Bah oui, pour mieux danser bien sûr ils sont... et ils ont même l'émission. On a même une émission chaque année pendant la période de fêtes qu'on invite les idoles pour faire les sortes de Olympiques des idoles mais ils sont très bons, ils sont bien. Ce système est beaucoup critiqué, surtout par les critiques occidentaux, parce que c'est à l'encontre de leurs idées d'artiste tout simplement. Parce que c'est fabriqué, entraînés comme des robots. Ce sont des mots que j'ai entendus des milliers de fois. Ils peuvent chanter, danser comme des robots, maquillés comme les filles. Tout ceci. Mais quand on connait, il y avait très peu de critiques sur la musique en tant que telle. Il fallait quand même poser des questions, c'est-à-dire que ce sont des critiques qui ont été faites par les gens qui n'écoutent pas. Et même s'ils écoutent c'est une des chansons, allez c'est très électronique, donc il y a moins de participation humaine, donc c'est tout de suite industriel. Et ça va avec l'idée de Corée industrielle exportateur. Voilà tous ces discours ont été formés ainsi. BTS a surmonté ceci parce qu’eux, ils ont débuté avec une image idole hip-pop idol, hip-hop et idole. Ce sont deux antithèses. Hip-pop, dans la culture de hip-pop ce qui est important, c'est l'authenticité. Eux, ils devaient parler de leur vécu, ils devaient avoir leur voix pour parler. Donc, ils devaient devenir sujets en eux-mêmes, pas l'industrie, pas la société entertainment. Et cette mission était dure, mais bien choisie par la société parce que les sept membres au départ, pas tous mais au moins deux membres, donc le leader RM et Suga, composent et écrivent leurs lyrics. Ce sont déjà deux grands compositeurs reconnus à un très jeune âge dans le terrain. Donc Bang Si-hyuk, le patron de Big Hit, avait construit sur cette capacité-là les danseurs et invité les autres chanteurs. Donc sept garçons sont formés pour débuter. Donc leur image en tant que hip-hop idols, déjà les aide à surmonter cette idée reçue sur le K-pop, et puis pour les sous-estimer. Mais en même temps, il faut voir la qualité de la musique. Les gens qui critiquent la K-pop, c'est majoritairement ils n'écoutent pas. Ce sont de très très bonnes productions. Et de là, il y a un deuxième élément très important, ils ont communiqué énormément. Parce qu'avant, dans la culture K-pop, les sociétés entertainment contrôlaient énormément leur communication directe par peur qu'ils entrent dans, parce qu'ils sont tellement populaires, par peur qu'ils entrent dans certains scandales ou mauvais mots placés ici ou là. Ce n'est pas bon. Mais eux, ils avaient beaucoup plus de liberté. Donc, en tant que sujet de création et puis ils communiquent librement avec le monde entier, cela leur permettait largement de dépasser cette limitation des idoles qui confinaient tous ses artistes dans les mauvaises images. Mais ils ont réussi à le dépasser. C'est ces deux éléments très, très importants qu'ils avaient leur liberté de communication et de création qui allaient dans l'idée même d'idées d'artiste développées par la critique culturelle de l'Ouest. Voilà. 

Laura [00:31:47] Et aussi, il faut dire qu'ils ont et ils sont soutenus par un public hétéroclite à l'échelle mondiale. Et si j'ai bien compris, ils ont fait un discours au nom d'une jeunesse mondiale à l'ONU. C'était quoi les propos? Et c'était quoi le contexte de leur discours? C'était à quelle époque? 

Seok-Kyeong [00:32:11] Oui, donc ce sont des groupes qui parlent avec leurs albums dans le monde, qu'on écoute une chanson sur Spotify, c'est-à-dire que leur message est construit sur la durée. Ce message est, comment dirais-je, l'amour propre pour une génération qui se croit perdue parce qu'ils abordent l'avenir...ce ne sera pas aussi bon que leurs parents. C'est-à-dire cette peur de déclassement, le déclassement est partout dans les pays développés, en Europe, aux Etats-Unis et même maintenant, c'est les pays développés en Asie, c'est pareil. Et puis, ils vivent dans le système ultra libéral, donc avec la concurrence sans limite exigée dès leur jeunesse. Alors là, cette pression est vraiment plus que forte en Corée, surtout. Donc en tant que groupe, groupe de entertainment, BTS parle de leur condition et cette condition qui est vraiment exacerbée en Corée du Sud en tant que trainee est très parlant pour la jeunesse entière qui se trouve dans chaque pays et dans une situation plus ou moins équivalente, dans le sens qu'ils ont peur de leur avenir. Dans ce système de concurrence, chaque individu est perdant et ils sentent à un moment donné que vraiment dépression et ils se détestent parce qu’ils se sentent inutiles etc. Donc ce spleen, je peux dire, ce spleen de la génération, la jeunesse de ce monde-là a découvert une source de consolation et solidarité parce que je ne suis pas seul là-dedans. Les autres sont pareils. Et à travers la musique, qui parle de cette difficulté, parfois une justice sociale, cette tristesse et lutte contre cette, comme dirais-je, ces sentiments de détester soi-même pour trouver l'amour propre a rencontré le public qui est international, qui se trouve dans le monde entier. Parce que maintenant les réseaux sociaux permettent cette création de solidarité. 

Laura [00:35:06] Et puisque dans leurs clips, dans leurs vidéos, on voit et je parle du dernier clip la présence des personnes âgées, handicapées, minorisées, comment est-ce dans le contexte de la société coréenne, par exemple, ces personnes âgées, handicapées, minorisées, ces trois tranches de population différente, on s'entend. Mais comment est-ce qu'on voit finalement le groupe BTS au sein de la société coréenne, la façon dont BTS représente la société coréenne parce que ton champ d'étude, c'est quand même, c'est la transmission et la représentation des valeurs de société, disons la culture coréenne aussi, la façon dont la Corée est représentée aux yeux du groupe BTS, voilà.

Seok-Kyeong [00:36:01] Je pense que ce que vous dites, vous parlez de la vidéo Permission to Dance donc une des dernières chansons qu'ils ont publiées pendant la période pandémique. Non seulement Permission to Dance et Dynamite, Permission to Dance et Butter, ces trois qui sont destinées directement au monde entier parce que c'est entièrement chanté en anglais. Surtout dans la vidéo de Permission to Dance, on voit vraiment leur volonté de toucher tout le monde parce qu'il y a les enfants, différentes ethnies, les âges, les petits, les grands, les gros, les minces...il y a tout. Mais ils sont techniquement très, très différents... les danseurs coréens ils ont fait cette vidéo. Depuis quelque temps de toute façon leurs vidéos surtout ces 3 chansons étaient, je pense, étaient fait pour consoler le public, les gens qui les écoutent dans le monde entier parce que leur popularité, même avant le début de la pandémie, était vraiment devenue vraiment mondiale, on voyait vraiment les fans partout dans le monde. Quand il, le leader de BTS, tweete on voit bien dans le monde entier combien, dans le réseau tweet s'allume, c'est vraiment dans le monde entier même sauf...sauf peut-être en Corée du Nord. Mais il faut savoir que les chansons de BTS sont très présentes dans le Billboard américain, mais dans d'autres billboards, classements dans chaque pays. Mais derrière eux, il y a beaucoup de groupes coréens qui sont assez populaires, mais tellement le succès de BTS est grand, les autres sont moins visibles, mais il y en a plein...Blackpink, Seventeen, mais on peut énumérer les groupes longuement. Mais maintenant, il y a des groupes K-pop, on peut appeler K-pop parce que bon, ça se discute. Par exemple, je peux vous parler de SB19 et qui sont Philippins. C'est un groupe philippin, mais de production coréenne, donc c'est une société coréenne à la façon K-pop. On produit un produit, ce groupe, à travers l'audition, mais en Philippines et puis qui marche, qui mette leurs chansons dans le Billboard américain haut placé pendant longuement. Donc K-pop a...c'est pour ça que BTS On the road c'est le vrai sens de ce titre, ils ont rompu...voilà derrière eux, il y aura un autre groupe interculturel. Donc dans BTS qu'est-ce qui est coréen? Bien sûr, ils utilisent beaucoup les éléments culturels coréens. Ils mettent le hanbok, l'habit traditionnel coréen, ils les utilisent souvent même les danses. Ils reproduisent les danses pour les grandes occasions qui sont vues dans le monde entier par YouTube, une des meilleures performances de ce groupe etc. Donc, pour la Corée, ils ont un fait très positif pour la Corée, pour l'image de la Corée, mais pas pour autant qui est liée à notre culture. Ils ont pas...une de leurs missions est quelque chose, propager la culture coréenne dans le monde, pas du tout, pas du tout. Moi, je le vois de plus en plus vraiment un groupe réussi comme les Beatles. On les compare souvent aux Beatles, pas par nous, c'était les Américains, les Anglais qui ont comparé BTS avant tout le monde. Donc comme ce genre de groupe est internationalement populaire, ils vont continuer comme ça, mais pas pour autant avoir un lien culturel spécial avec la Corée. Bien sûr, ils sont Coréens. Donc, comme vous avez dit, ils devraient aller au service militaire, vous vous rendez compte. Il y a un mouvement national qui est très fort parce qu'ils sont Coréens, parce que la Corée se situe à l'Asie de l'Est, entre la Chine et le Japon, et au sud de la Corée du Nord. Tout ceci ne pourra jamais être effacé, mais malgré tout, leur musique est de plus en plus globale. Est-ce que BTS avait un rapport avec l'UN? Les Nations unies les ont invités deux fois, c'était une campagne avec Unicef au départ. Ils parlaient pour la jeunesse du monde entier parce que leur rôle est très, très positif, parce qu'il faut voir pendant les fans. Pourquoi tu es fan? Qu'est-ce que tu fais en tant que fan? Qu'est-ce qui est le plaisir que tu as en tant que fan? Et la majorité du discours étonnamment, c'est qu'ils disent que dans le pire monde dans lequel chacun d'eux vit, au pire moment de leur vie, ils sont sauvés par la musique de BTS avec le message qu'ils ont eu dans les chansons. C'est assez curieux de voir parce que c'est sans équivoque. C'est à répétition quels que soient les âges et de plus en plus, les personnes plus âgées disent la même chose. Même la soixantaine, 70 ans, j'ai entendu qu’eux, ils sont...la musique de BTS c'est leur énergie, c'est, comment dirais-je anti-stress, anti-détresse parce que dans leurs chansons, donc en plus, en entrant dans la communauté de fans, ils découvrent vraiment un lien très fort à travers la musique. Le fait que les gens, même si le monde entier est dispersé, aiment la même musique et puis partagent en même temps presque liés...réellement liés parce qu'ils peuvent discuter tout le temps, leur donnant une sensibilité, une assurance socioculturelle très forte. Alors je découvre avec beaucoup d'étonnement que cette solidarité peut aller très loin, moi compris les sociologues ont du mal à comprendre jusqu'à maintenant comment cette jeunesse fonctionne parce que, que ce soit culturellement, socialement ou même politiquement, quand on essaie de comprendre cette génération avec le système d'idées politiques qu'on a, on a du mal à comprendre parce que les partis politiques n'avaient pas de sens tout ça. Mais c'est leur façon d'être politique, à mon avis. Je découvre ça dans comment ils fonctionnent cette communauté de fans. Quand il y avait Black Lives Matter aux États-Unis, les participants de ce mouvement, les jeunes, la jeunesse noire américaine, fait appel direct à la K-pop et puis BTS. Vous composez la musique avec la musique noire américaine. On se sent...on est votre fan. On se sent solidaire, mais vous devez être solidaire avec nous. Et la réaction? BTS, tout de suite ils ont, ils ont fait donation d'un million de dollars et les fans ont fait match donation de l'équivalent tout de suite en 24 heures. Et les certaines, certaines stars de K-pop aussi. Et puis, encore plus étonnant, c'est que lorsqu'il y avait la campagne électorale de l'ex président Trump, ils ont réservé leur place à son meeting, à son meeting politique. Mais ils ont fait no-show, ils ont laissé vide la place. Avec beaucoup d'étonnement Mr. Trump a découvert que son meeting était boycotté par les fans de K-pop. Donc ceci est possible parce qu'ils ont cette capacité d'organisation. Mais cette capacité d'organisation est quelque chose qu'on a vu naître au milieu des années 90 en Corée, avec la première génération de K-pop. Oui, c'est pour ça que ces derniers temps, les chercheurs français s'intéressent en tant que culture de la jeunesse parce que leur capacité politique culturelle. Je trouve que vraiment, il y a un truc à creuser là-dedans pour nous. 

Laura [00:45:40] Oui, tout à fait. On pourrait peut-être parler en dernier lieu de tes travaux actuels qui sont en cours parce qu'on a parlé de deux de tes trois livres précédents. Mais là, tu travailles depuis plusieurs années sur la problématique des normes de beauté produites et reproduites dans la culture populaire coréenne par le biais des séries télévisées. Dans votre discours, j'ai écouté... qui a été enregistré il y a peu de temps à l'Académie d'études coréennes...tu as qualifié de dangereux certaines normes par souci qu'elles aient des effets néfastes pour les peuples des sociétés de l'Asie de l'Est en particulier. Et on parle là de quel corps et de quelle représentation ou de quelles iniquités qui sont transmises dans ces discours et produites et reproduites dans la culture populaire? 

Seok-Kyeong [00:46:42] Ma recherche, un des thèmes importants, c'était l'industrie de beauté coréenne qui est basée sur la technique mibaek

Laura [00:46:50] Et ce n'est pas seulement chez les femmes, c'est bien les hommes et les femmes, c'est ça? Les jeunes... 

Seok-Kyeong [00:46:55] Oui, les hommes aussi utilisent beaucoup de produits de beauté. J'ai été étonnée plutôt de voir ça. Alors, cette technique de beauté est construite sur la durée. La peau blanche est toujours positive dans le monde entier. Ce n'est pas...avant même la colonisation des blancs dans le monde parce que la peau blanche signifiait vraiment dans le travail sans le soleil, donc classe supérieure, etc. Donc c'est naturellement, c'est comme ça, mais c'est rendu, c'est devenu...le colorism de peau est devenu la base de ce racisme mondialisé depuis la période coloniale, c'est pour ça que c'est un produit de beauté qui se développe en Corée, à certaine possibilité postcoloniale et en même temps, le danger de reproduire une sorte de hiérarchie de beauté dans la population asiatique parce que les stars coréennes avec cette technique, cette brillance, cette beauté on a envie de l'avoir à tout prix à travers les produits de beauté, etc. On découvre vraiment ce danger de hiérarchisation de beauté basé sur ce traitement de peau. Quand on comprend que seulement c'est basé sur la couleur de peau, donc il y a des dangers et des possibilités en même temps. Mais le danger va grandir plus que la Corée prenne force, elle devient plus forte non seulement économiquement et de plus en plus culturellement aussi, et donc je vois il y a un réel danger là-dedans. Mais l'autre effet positif existe aussi parce que cela a rendu beaucoup de populations asiatiques, que ce soit aux Etats-Unis et dans le monde entier, qui se sentent beaucoup valorisées, l'amour propre, de confiance en soi-même. Imaginez que...c'est une population, surtout les hommes, regardez un peu comment les Asiatiques avant dans les films hollywoodiens étaient représentés. Ils sont très forts avec leurs arts martiaux, mais ils n’ont jamais été, comment dirais-je, attiré le regard féminin. Ils n’étaient pas sex appeal tout simplement. Voilà, d'un coup les stars, majoritairement les stars du K-pop populaires sont majoritairement quand même les hommes sont devenus sex appeal dans le monde. Donc il y a une réelle possibilité et de danger en même temps dans ce phénomène. Et quand vous avez parlé de corps, c'est vrai que les stars K-pop féminin surtout, sont très...sont trop exigeants dans leurs critères de beauté. Mais je pense que ceci est en train de changer légèrement. Mais en même temps, quand on connait, c'est un problème. Quand il y a des groupes de groupes féminins qui est beaucoup plus musclé, un peu plus sportif par rapport à avant. Mais bon, il y a beaucoup à faire là-dedans. 

Laura [00:50:19] Et on va conclure par dire que tu as deux enfants. Et les deux enfants peut-être trouvent très intéressant le fait que leur mère soit chercheure dans ce domaine, donc de la jeunesse qui ressort de la jeunesse, qui ressort de la société coréenne, qui ressort d'une effervescence de la société coréenne. Pas dans le sens traditionaliste, mais dans le sens de la créativité à l'échelle mondiale, la production de connaissances qui sont asiatiques, qui sont coréennes. Alors tes enfants, est-ce que j'ai raison de croire qu'ils sont fiers et contents de leur maman, mais qu'ils trouvent intéressant ton travail de chercheur et finalement de sociologue médiatique? 

Seok-Kyeong [00:51:08] Oui, oui, parce que j'ai une fille et un garçon nés en 2000 et 2002 respectivement. Ma fille vit avec moi, et elle est peintre auto-éduquée, elle n'a jamais appris à peindre ailleurs. Elle fait arts numériques avec en grande partie fan donc l'art de fan. Mais elle est très avancée. Et elle, oui, elle partage beaucoup de choses avec moi. Mais surtout, ce n'est pas eux qui sont fiers de moi. Je pense c'est moi qui apprends beaucoup d'eux, de cette génération. Vraiment, rien à voir avec la nôtre. Mon fils a découvert quand même parce qu'il est...depuis deux ans il est à Paris en faisant son étude de films et cinématographique. Il a découvert son côté donc il est aussi coréen parce qu'en allant à Paris, il se trouve beaucoup plus coréen. Parce que là, dans cette école, on apprend sur les cinéastes coréens Park Chan-wook, Bong Joon-ho. Dans les cours de l'école cinématographique ce sont des grandes stars, ces jours-ci. Donc, d'un coup il découvre que sa mère faisait en même temps que...lui, sa vie avait un sens beaucoup plus épais en allant en France. Et puis il découvre que la Corée fait partie de lui-même. Donc c'est moi plutôt qui est beaucoup plus, comment dirais-je, inspirée par mes enfants. Je les adore. 

Laura [00:52:58] Eh bien sur ce nous allons terminer, merci beaucoup Mme Hong, cela m'a fait très grand plaisir de pouvoir m'asseoir. Je te remercie grandement d'avoir partagé ces brins de vie à la fois personnels et professionnels, académiques, de ton parcours de chercheur, de polyglotte, de scientifique et au plaisir de se voir en personne et d'échanger à nouveau. 

Seok-Kyeong [00:53:24] Merci de m'avoir invitée. 

Laura [00:53:25] Et éventuellement de venir comme conférencière au CREFO. 

Seok-Kyeong [00:53:30] Oui, oui dès que l'on peut voyager sans quarantaine, oui, je suis partante. Oui. 

Laura [00:53:36] D'accord. Alors merci!

Joey [00:53:39] Vous avez aimé cet épisode? Faites-nous part de vos commentaires sur les réseaux sociaux ou par courriel à crefo.oise@utoronto.ca